Penser l'Alternative #1

Posté le 11 décembre 2010 @ 12 h 01 min par Valérian Saliou

Mes articles précédents portant majoritairement sur l'informatique, j'ai décidé de commencer à sortir de ce monde pour exposer, sous forme d'une série d'articles, des réflexions personnelles d'un autre ordre. Ici nous allons parler politique et société : essayer de tout démonter pour mieux le remonter.

Tout d'abord, j'aimerai vous prévenir que les idées que je vais ici développer ne sont à rattacher à aucune idéologie ou mouvement (communisme, anarchisme, et j'en passe) et sont purement personnelles. Non, je n'ai pas (encore) lu Marx : tout ce qui suit provient de mes réflexions personnelles sur le monde.

Aussi, je ne démontre pas l'applicabilité de ces idées, mais il serait intéressant de pouvoir les construire avec l'internaute intéressé et de lancer des débats.

Dans ce billet, je vais exprimer mes idées quand aux clés d'une société alternative. Utopie ? À vous de faire votre avis et de les critiquer !

1. Union internationale

L'arrivée de l'ONU et de la notion de cohésion entre les pays pour garantir la paix est une idée que nous avons directement tirée des guerres passées.

Nous avons appris que dans un monde de dialogue et de coopération, l'on pouvait garantir une certaine sécurité (ce qui n'est malheureusement pas le cas de tous les pays aujourd'hui). Un monde de peuples unis ne laissera pas l'humanité s'essouffler dans le conflit permanent pour les intérêts de chacun.

Mais nous pourrions aller beaucoup plus loin, comme la mise en place d'une langue commune, ce qui ouvrirai un dialogue plus aisé entre les différentes populations. D'autant plus qu'à l'ère de l'Internet, il est impossible d'interagir avec une personne d'autre langue sans connaître l'anglais. Oui mais... L'anglais n'est pas une langue neutre. En effet, celle-ci dépend de plusieurs pays : le Royaume Uni et les USA, et même l'Australie. Ce ne serait pas forcément juste pour tout le monde de la choisir comme langue commune.

Je ne sous-entend pas non plus qu'il faudrait inventer une nouvelle langue, car ce que nous recherchons existe déjà : l'Espéranto. C'est une langue construite (c'est à dire qu'elle a été pensée pour être une langue facile à apprendre et sans embuches, chose que les langues naturelles ne sont pas, du fait de leur élaboration sur plusieurs générations (l'anglais en est une, tout comme le français).

Pour certaines populations (utilisant d'autres alphabets que nous : les pays Russes, Asiatiques et Arabes), ceci implique l'utilisation d'un alphabet commun, mais le problème se résout dans le fait que, pour parler anglais, il faut de toutes manières connaître l'alphabet Latin.

Ainsi, l'Espéranto pourrait être notre langue secondaire à tous, conservant tout de même notre langue primaire correspondant à notre culture. C'est bien ce que l'on peut observer dans les pays Scandinaves : les norvégiens sont anglophones, mais pourtant leur langue maternelle est conservée.

2. Démocratie directe

C'est un fait, le modèle démocratique répandu dans le monde entier ne me convient pas. En effet, le fait d'élire des représentants agissant pour tous n'était que nécessaire lorsque les peuples n'avaient aucun moyen de communication large à leur disposition.

Aujourd'hui, nous avons Internet : pourquoi ne pas l'utiliser pour mettre en place une démocratie directe épanouie, dans laquelle tout citoyen aura la possibilité officielle de s'exprimer, revendiquer, critiquer et proposer des idées. Je m'explique : au niveau juridique, pourquoi ne pas mettre en place une plateforme Web permettant de proposer des lois et de voter pour celles-ci, avec un conseil constitutionnel citoyen et la gestion de cette même plateforme par les citoyens eux-mêmes ?

De même pour toutes les décisions, de n'importe quel ordre soient-elles. Une société autogérée par les citoyens eux-mêmes, encadrée par un État minimal, assurant l'application des lois, le respect de la constitution et de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen.

À l'heure du désintérêt politique dont souffre notre société (du moins en France), cette idée pourrait permettre aux gens de se rendre compte de leur souveraineté, de se sentir impliqués dans une construction commune, et pouvoir réellement défendre leurs intérêts avec la communauté. Aussi, le fait de ne pas pouvoir s'appuyer sur un intermédiaire qu'il a élu, le citoyen sera contraint à la réflexion personnelle et l'engagement. L'unité d'un pays et les valeurs de la république ne se retrouveraient-elle pas avec cette idée ?

3. Importance de la commune

À l'ère de la mondialisation et du centralisme politique, les petites organisations perdent de plus en plus de pouvoir. Je pense particulièrement au pouvoir des communes. L'ayant remarqué un bon nombre de fois, le centralisme n'est pas bon, dans n'importe quel domaine qu'il soit.

C'est ainsi que se baser sur des communes autogérées, propulsées directement par l'action de tout un chacun et la non présence de représentants officiels permettrait les mêmes choses que mes idées sur la démocratie directe (ou autogestion).

De plus, au niveau des quartiers et résidences, dans un contexte de recherche du respect de l'environnement, pourquoi ne pas utiliser des outils mis en communs au niveau d'associations de quartiers. Je pense tout d'abord aux outils familiaux ne servant pas en permanence dans notre vie quotidienne : la machine à laver par exemple. Pourquoi ne pas mettre en place des locaux de machinerie commune à une dizaine de familles ? En continuant sur cet exemple, les lavages seraient moins chers pour tous (acquisition d'une machine de qualité, certes chère, mais avec un prix divisé par 10 et opérations groupées permettant de limiter la consommation en eau). Aussi, la mise en commun de certains outils permettrait à des familles de revenus différents de vivre au même niveau.

Au niveau communal, l'association est importante : oui, je pense très fermement qu'une société d'associations, où le travail se fait par passion et déterminisme que, par une société de libéralisme économique, où le travail ne se fait que par recherche du profit et recherche de domination de l'autre (la concurrence), et exceptionnellement par passion.

D'ailleurs, pour continuer sur l'écologie, le plus possible de biens (qu'ils soient périssables ou matériels), devraient être produit localement, sur un rayon maximum d'ordre régional. Réduisons donc les coûts de transport, la pollution qu'il génère, et revalorisons le travail dans nos contrées !

De plus, au niveau communal, pourquoi ne pas repenser les réseaux de transports, en misant sur le rail et les services de transport en commun, permettant des économies individuelles d'argent ? Quitte à supprimer la voiture individuelle ? La question se pose aussi sur l'agriculture : la place que prend aujourd'hui les cultures ne pourrait-elle pas être répartie en hauteur, dans des tours spécialisées (ceci paraît insolite, mais des scientifiques y ont pensé et sont sur le problème). Les avantages seraient la vente directe, en ville et le reboisement des zones aujourd'hui cultivées et surexploitées. La nature doit pouvoir reprendre ses droits !

Pour terminer sur l'éducation, l'idée ne serait-il pas de dissocier éducation du citoyen et formation au métier ? Je trouve, que de nos jours, la formation à l'emploi et aux études supérieurs a tendance à écraser la formation citoyenne (récemment avec la suppression des cours d'histoire et de géographie en Terminale S, d'ici à deux ans). En tant qu'étudiant, je trouve ceci alarmant !

4. Références et liens

Espéranto

Commune

Les rétroliens

  1. Ping : Penser l’Alternative #2 - Le weblog de Vanaryon le 2 mars 2011

Les commentaires

  1. garfieldairlines
    11 décembre 2010 à 12:33

    Joli article, et je suis d'accord sur de nombreux points.

    Sauf en ce qui concerne la voiture, c'est parfois un objet indispensable (surtout pour les très long trajets ou alors pour les bourgs perdus).

    En ce qui concerne ta politique directe l'idée peut paraître séduisante mais elle a ses limites : en effet les gens ont d'autres choses a faire que de discuter politique en permanence et seront vite lassés.

  2. Frédéric
    11 décembre 2010 à 16:42

    Coucou ^^

    Intéressant article, voici mes commentaires:

    - l'espéranto comme langue universelle, pourquoi pas, mais j'ai l'impression que c'est surtout un débat franco-français, notre niveau général d'apprentissage en langues étrangères est déjà pitoyable ! À mon avis il "suffirait" d'améliorer l'enseignement des langues étrangères déjà existantes pour améliorer la communication "mondiale", et non vouloir une langue globalisante. Les langues sont aussi vecteurs de culture et d'un tas d'autres choses passionnantes, l'espéranto est pour moi une langue "froide", sans réelle histoire et culture derrière. C'est une bonne initiative mais pour moi elle répond mal à la question, et tente de cacher les problèmes d'apprentissage linguistique. Et d'ailleurs si tu regardes ben ceux qui connaissent l'espéranto, ce sont ceux qui ont déjà par ailleurs un bon niveau en langues étrangères... donc est-ce que ça résout vraiment le problème ?

    C'est similaire pour moi au débat sur le port d'une tenue commune réglementaire à l'école: faut-il apprendre à (et est-il possible de) faire cohabiter les différences ou purement et simplement les gommer ?

    - la démocratie sur internet, hum .. déjà je suis contre le vote électronique. Quid de ceux qui n'ont pas ou ne veulent pas internet ? Là aussi, solution trop radicale et qui répond mal aux problèmes. Regarde les sites "militants" existants des partis: la coopol du PS par exemple: il n'y a strictement rien ! Le système de représentants est quand même une bonne chose, attention à la tyrannie de la majorité... je te conseille de lire Tocqueville en complément de Marx. Bien que l'un soit, si l'on peut dire, "de droite", son analyse n'est cependant pas sans intérêt. Tu ne peux pas non plus demander aux gens de voter tous les jours (imagine une journée ou un groupe de pression se réunit et passe une loi en étant majoritaire, ce serait le bazar !). Réfléchissons plutôt sur le rôle d'un président, sur la possibilité de nommer nous-mêmes des ministres, sur le blocage et le baillonnage constant de l'opposition au parlement, sur la possibilité d'un référendum de mi-mandat, et de l'accès aux travaux en commission, etc... Redonnons-vie à nos institutions existantes !

    Et regarde le succès qu'Obama a battit sur internet: aujourd'hui tout est en sommeil, le souffle est retombé. Pareil pour Sarkozy sur twitter et machins-choses, ça ne dure jamais longtemps... On peut le déplorer, mais la majorité des gens ne s'intéressent pas à la politique... (et quand quelqu'un va pas voter, l'excuse que tout le monde est pourri, j'y crois pas, faut pas déconner). Je suis pas fataliste, mais bon ^^ Les gens ont l'impression qu'aujourd'hui c'est l'économique qui domine le politique, alors quand tu vois que des américains connaissent par cœur l'hymne de Mac Donalds et pas leur hymne national... voila le résultat.

    - la collectivisation, baaah! Même Marx sur la fin de sa vie ne pouvait pas voir en pâture les communistes français, et était atterré par ceux qui se réclamaient de son idéologie. Pour moi, le développement des ateliers "DIY" Do It Yourself est plutôt la solution, plutôt qu'une collectivisation, certes décentralisée, mais collectivisation quand même.

    Donc pour moi aussi il faut chercher une troisième voie entre l'économique et le politique, qui passe par le DYI, le monde associatif oui, le "libre", une alimentation bio style avec les AMAP, mais attention aux solutions globalisantes elles-mêmes.

    Voilà, c'était mon grain de sel :p

  3. Vanaryon
    12 décembre 2010 à 15:02

    Merci pour ces deux commentaires, je vais tenter d'alimenter le débat :)

    s :

    Sinon avoir des voitures du style "Vélib", mise à disposition de tous pour les trajets spécifiques.

    Lassé, cela dépendra des personnes, c'est vrai. Mais déjà, ce qu'il faut faire c'est donner une raison aux gens de s'y intéresser, les former pour cela. On arrive dans une société individualiste qui se conforte dans sa situation, et ceci influence forcément le domaine politique : les gens en ont rien à foutre mais se permettent de râler quand même sur le pouvoir (je parle d'une bonne partie de la population française).

    @Frédéric :

    À propos de l'Espéranto, c'est justement pour ça que j'ai bien précisé langue secondaire. Bien entendu, il faut à tout prix conserver les langues natales, sinon c'est une destruction de magnifiques cultures et du passé qui s'en suivrait.

    Pour la Coopol, je connaissais de nom, mais sinon pas plus. Au passage, ils ont leur certificat TLS chez Gandi, c'est le bien :)

    Et pour la tyrannie de la majorité, tu pensais à un pouvoir d'une classe dominante sur une autre ?

    Pour ce qui est de la collectivisation, bien sûr qu'on peut arriver à un résultat aussi bon pour les intérêts communs avec l'associatif. Oui, les associations pourraient proposer une sorte de "services publics". Je ne vois par contre pas en quoi la collectivisation est un mal, dans le sens où elle n'est pas gérée par un État mais bien un groupe de personnes, pour répondre aux besoins de ce groupe. Bien sûr, si elle est forcée par un pouvoir centralisé sans concertation et que par la volonté d'une minorité, elle n'est possible que par la force et la contrainte.

  4. Manu
    12 décembre 2010 à 16:41

    Bonjour.

    Juste pour dire que je suis ravi de lire une idée que j'ai depuis longtemps dans la tête : la séparation de l'éducation et de la formation !

    Pour ce qui est de « changer » le travail, un lien très intéressant sur ce qui nous motive vraiment : http://www.ted.com/talks/lang/fre_fr/dan_pink_on_motivation.html

Laisser un commentaire